LIMINAIRE
« Il y a tant de manières de se montrer indiscrètes, de se montrer discret :
par peur de l’opinion publique, par soumission servile aux règles de la
bienséance, par prudence, par ruse et calcul. »
Pierre Zaoui
« Cela disparaît cela s’en va. Oui.
Mais à l’instant où tout s’en va, on peut dire aussi que tout est là . »
John Cage
-En ce qui concerne les sculptures, les installations, « donner à voir »,
la généreuse proposition d’Eluard est dorénavant placée sous le signe de
l’hyperréalisme et de la réalité augmentée. Je suis sur un autre chemin qui décline
volontairement l’offre du « faire voir » habituelle, et choisis de priver le spectateur de
l’usage de son sens, ne lui en autorisant pas le plein emploi, une saisie visuelle
impossible de l’objet.
-Et puis il y a le dessin, dessin d’abord, le dessin préparatoire à la réalisation du volume ;
mais aussi dessin pour lui même, pour sa sensualité propre, pour l’orange des fleurs de capucines
avec la graphite noire, le dessin qui se suffit simplement. Avant ou après, je ne sais pas, cela dépend
des périodes, l’urgence de traiter ces dessins en volumes ou réciproquement. Un étrange dialogue entre,
dessin et volume, graphite, pastel, dessin, objet idée, et puis l’acte ultime, ce pourquoi tout ça: la construction.
Et puis…, l’effacement, l’ablation, l’obstruction, l’enfouissement, l’isolement, (cf. Maurice Fréchuret),
paradoxe du geste artistique où l’image du réel se brouille jusqu’à sa disparition.
PRATIQUES DU PAYSAGE, Alain GOETSCHY – 200rd10 Les Lamberts – Florence LAUDE
Du 13 au 16 octobre dernier, Alain GOETSCHY exposait des peintures, des pastels et des photos aux Lamberts (200rd10
à Vauvenargues) dans le cadre du projet PRATIQUES DU PAYSAGE. Le projet conçu comme un triptyque fait dialoguer
(plutôt que se confronter) trois démarches d’artistes qui se connaissent par ailleurs très bien.
Les Lamberts est un lieu d’exposition d’arts contemporains privilégiant les pratiques sur le paysage et, particulièrement,
le paysage naturel. Cette exposition qui s’inscrit dans le temps ( autre donnée importante du rapport à la nature) montre les
œuvres des trois artistes à tour de rôle, pendant trois semaines. Après qu’Alain GOETSCHY a ouvert le dialogue, c’est le sculpteur
Georges GUYE qui exposera du samedi 20 octobre au mardi 23 octobre, puis le plasticien Raymond GALLE, du samedi 27 au mardi 30 octobre 2018.
Quelques photos de l’exposition donnent un aperçu du projet d’Alain GOETSCHY.
Alain GOETSCHY s’exprime ici par la peinture, les pastels et la photo. J’ai principalement retenu ses oeuvres mettant en parallèle la vague des paysages
de mer et les cimes ou crêtes rocheuses de montagnes. Le rapprochement fascine car on ne sait en définitive ce que l’on regarde. L’image fixe est de
toutes les façons un mouvement figé, la représentation d’une interprétation ressentie du paysage qui permet de confondre l’un et l’autre. On se rappelle
le célèbre tableau de Caspar David Friedrich, « Voyageur contemplant une mer de nuage » (Der wanderer über dem nebelmeer, 1818) dont le titre même retient
la confusion possible et le vertige du paysage, sensible dans le tableau. C’est qu’Alain GOETSCHY songe aussi à un temps vertigineux, un temps que l’on ne peut
atteindre qu’en pensée mais que l’on croit parfois entrapercevoir dans le paysage. Il songe au temps du fond des âges, dont il doit bien rester une empreinte quelque
part dans le paysage que nous regardons aujourd’hui, celui d’avant l’apparition de l’Homme. Pour cela, ses paysages sont désertés par la présence humaine. C’est une
différence avec le tableau de Friedrich, Alain GOESTSCHY efface jusqu’à la présence du regard et par la même de l’artiste. Le paysage semble exister en lui-même et
uniquement de lui-même. Ce biais s’accorde avec la représentation figurative et réaliste du paysage, hormis sa transposition en noir et blanc qui souligne un parti pris,
un projet. Est-ce une projection futuriste de l’après humanité ? Est-ce rappeler à l’Homme qu’il n’est qu’un grain de sable dans l’éternité ? Un grain de sable dont le
monde se moque bien de savoir s’il existe ou non. Le « THIS » en lettre d’or qui surplombe le paysage semble littéralement honorer (valoriser) la chose matérielle et non à l’être.
D’une autre manière, l’image de la vague d’eau et la crête de granit peuvent se confondent dans une temporalité qui n’est pas à notre échelle. Du point de vue de la perception
du paysage à notre échelle spatio-temporelle, la vague avance, mouvante et fluide et la montagne est de marbre, immobile, mais dans d’autres rapports de perceptions
temps/espaces, ne pourrait-on appréhender la vague de mer immobile et la montagne en mouvement ? C’est ce que semble questionner le travail d’Alain GOETSCHY en
traitant l »une et l’autre comme des images qui peuvent nous leurrer et confondre nos perceptions visuelles et cognitives.
LA NATURE LE SAVAIT-ELLE ?
L’image même de notre temps pourrait être celle de notre clavier d’ordinateur. Je l’ai aujourd’hui sous les yeux et à l’instant même où je vais l’utiliser pour vous dire
l’intérêt que porte Alain Goetschy à l’apparence d’un mouvement potentiel à rendre des images suspendues dans le temps, des images qui nous survivront, des images d’une nature morte.
Il y a une dérision à cacher d’authentiques dessins sous les touches d’un ordinateur connu pour ses images virtuelles. Le dessin efface les lettres qui pourraient servir
à le raconter au bout d’infinis algorithmes. C’est une belle façon de lui donner sa vérité dont parlait Ingres.
L’oeil, qui peut encore porter témoignage de l’existence de l’homme, est en train de disparaître ou de se rendre à la nature sans, à aucun moment, laisser supposer qu’il y ait vécu.
Ce qu’il a nommé paysage, et le serait encore, si perdurait le souvenir de son regard.
Goetschy laisse ce regard à la durée. Cette persistance à prévoir, c’est l’aventure de ces chemins vidés de l’homme quand les chemins creux gravaient autrefois sa présence.
S’il est vrai que la mer se recommence, qu’en est-il des forêts, des sommets, des éléments condamnés à être leurs propres géniteurs aveugles.
L’homme ne méritait pas ses yeux: la nature le savait-elle ?
Bernard Plasse, 2019
HOMMAGE A HORTENSE ( 1% ARTISTIQUE ) collaboration Jean-marc Bourry, maître d’oeuvre: R. Carta architecte
C’est un travail de recherche autour de Cézanne et de la Sainte-Victoire.
Le mur en béton brut, avec ses bavures de démoulage, juste ciré en terre d’ombre
afin de lui donner un aspect vieux cuir, par lasures successives, comme des glacis sur une toile.
Un dessin de Cézanne qui représente parfaitement un profil de la Sainte-Victoire depuis
Fuveau*, existait. Recopier le profil de ce dessin, le découper dans des plaques
de marbre de Carrare de 1m70 sur 75 cm de large. Ayant réalisé 18 plaques,
toutes identiques, les sceller dans le mur.
Répétition du même motif.
En saillie (ancrées à environ 20 cm de la paroi avec des entretoises).
Les plaques de marbres révèlent la découpe de la Sainte-Victoire qui apparaît ainsi en négatif,
une lumière dans les plaques de marbre.
Derrière, presqu’ en coulisse, entre les plaques de marbre claires, finement veinées et le mur sombre oxydé,
un texte de Zola, en lettres de bronze se fond dans les glacis.
Une lettre de Zola à Cézanne qui nous parle de la mine et qui deviendra le titre de l’oeuvre: hommage à Hortense.
Lire entre les plaques et dans les vides des plaques.
Le texte de Zola se devine derriere les plaques, hors circuit de la préhension du regard il disparaît
dans l‘effacement pour se révéler dans le sens.
*Le village provençal de Fuveau est un ancien site minier, face à la montagne Sainte-Victoire.
LA NUIT DES TEMPS ( 1% ARTISTIQUE )
Un arc en tôle d’acier de 8m de long, 2m70 de haut et 20cm d’épaisseur.
Sur cette tôle sont fixés 4 volumes miroirs en inox poli. Ces miroirs sont orientés chacun différemment
pour viser une mire placée à 10 mètres de l’arc en tôle .
Sur cette mire un texte est inscrit, de manière inversé, à la peinture noire sur fond blanc:
« Et je lis sur tous les murs » .
Les miroirs reflètent ce texte, mais nous ne pouvons le voir qu’en étant situés exactement
à la place de la mire. Quand nous prenons cette place, c’est notre reflet qui prend forme sur les miroirs
et non le texte ; l’action de « lire »est remplacée par notre silhouette inversée.
La sculpture telle que conçue n’est donc jamais visible, seulement imaginable.
« C’est une sculpture qui doit être regardée d’un endroit précis.
On ne peut la voir mais on peut en avoir l’intuition.
Impossibilité de voir ce qui nous est présenté.
Sur l’espace, c’est juste .
« Je vois, je ne vois pas » .
Montrer que l’on pourrait voir.
Il faudrait déplacer notre regard, notre corps pour voir : on ne verrait jamais bien,
complètement d’un seul axe.
Le déplacement transformerait l’objet et par là même serait forme – Duchamp n’est pas loin.
OMBRE PORTÉE SUR LE CIEL ( ACTION )
D’Est en Ouest, au Sud de la France, en arrivant de Fos et allant vers Marseille,
on traverse un pont immense qui enjambe la ville de Martigues.
Certaines nuits, quand la lune est claire, après un fort mistral, se forme l’ombre du pont
projetée sur le ciel; l’étrange impression, lorsqu’on circule sur la route, d’entrer dans un tunnel
est due à la déclivité de la route et à la découpe du sombre de la nuit mise en perspective dans le ciel.
Accentuer ce jeu entre la lumière lunaire et la lumière de la ville, pour réellement donner
l’impression à l’automobiliste qu’il pénètre dans un étrange espace en sifflet, entre le pont
et son ombre portée sur le ciel.
Puis tout s’évanouit, on est emporté.
Nous avons réalisé cela clandestinement, en braquant des projecteurs de secours extrêmement puissants
depuis le sol dans la direction du pont. La lumière des projecteurs lèche les deux tabliers du pont
pour se prolonger dans le ciel, laissant dans l’obscurité la découpe du pont.
Action réalisée avec l’aide et la complicité de techniciens d’EDF, de l’aéroport de Marignanne
et de la ville de Martigues.
Durée : 4 minutes 30 secondes, au mois de Février 1994
LA SCULPTURE D’UNE VAGUE NOYÉE AU CENTRE DE LA MÉDITERRANÉE ( EN COURS )
L’enfouissement:
Je travaille à la réalisation de la sculpture d’une vague, propre à la Méditerranée, depuis plusieurs années.
Une vague courte, tendue, croisée, cristalline.
Chaque vague est différente, par de multiples facteurs: le vent, la lune, la température, la profondeur d’eau, la salinité,
l’éloignement de la côte, le courant, les organismes vivants, etc….
Une vague de mer du Groenland sera lourde, épaisse, comme chargée de terre, de silence; une vague des Caraïbes portera
la force de milliers de kilomètres, longue, terriblement puissante.
Des centaines de dessins, de photos, des collaborations avec des chercheurs, pour réaliser au plus près cette pièce sont
nécéssaires.
Le déni de l’objet ramène à l’objet; alors du temps pour construire la représentation d’une parcelle de ce qui continue
pour nous à faire objet: la Méditerranée.
La notion d’unité de la Méditerranée n’est pas connue pour légitimer une stratégie territoriale, à l’inverse plutôt,
le projet politique n’est pas issu du discours savant.Le seul examen des chronologies suffit à infirmer ces hypothèses
simples. Les chercheurs mettent plutôt en évidence « la Dynamique d’une construction réciproque où chacun d’eux
sont tour à tour appui et révélateur de l’autre. (cf.Barget)
Il faudrait se défaire de l’hydre braudélienne, la Méditerranée est un mythe(cf.Kayser),mais il ne s’agit pas d’une fiction
car des peuples entiers y meurent , s’y noient par dizaines de milliers.
Alors pourquoi vouloir poser la sculpture d’une vague, noyée sur le fond de la mer, au centre de la Méditerranée?
Chercher ses centres géographique et barycentre , c’est interroger plusieurs axes : politique et géographique, physique,
artistique.
Poser un centre ce n’est pas se mettre à table, quels que soient les termes de négociations ou d’autres, c’est mettre le couvert.
Poser un centre de la Méditerranée, c’est fouiller la question politique, c’est parler du pourtour de la Méditerranée synonyme
de conflits, c’est entendre une mer porteuse de migrations mortelles, de Gibraltar à Marmara.
« Elle est belle la mer. Elle lie les villes par un réseau de relation d’amour et de guerre et d’amour. Bleue bien sûr car tout est bleu. »
(Richard Bacquier)
CARRE DE MER CALME ANCRE SUR LE PITON DU GRAND MÉTÉORE, OCÉAN ATLANTIQUE ( EN COURS )
Le piton du grand météore est un volcan sous-marin situé à une profondeur de seulement 360 mètres,
coordonnées 26°28′ N, 23°12′ W à l’ouest de la corne d’Afrique.
Réaliser un carré de mer calme de 100 m x 100 m, dans la mer agitée : éxécuté au moyen de barrages flottants antipollution,
il sera arrimé au fond à partir de ses sommets, et trianguler à mi hauteur.
A l’intérieur de ce carré, on déverse de l’huile biodégradable qui arrête complètementles vagues dans la tempête.
Nous étudions également d’autres dispositifs pour créer cette surface plane par émissions d’ondes.
Cette installation ne sera visible que par avion et satellite. Il sera réalisé une campagne photographique.
Il s’agit toujours de réaliser un plan horizontal dans le mouvement; échapper encore
à l’injonction du voir, l’ablation du regard direct.
PLACE DES PISTOLES -VIEILLE CHARITÉ – PUGET- MARSEILLE (AMENAGEMENT URBAIN )
Il est souvent délicat de créer une place dans une ville sur un site anciennement bâti,
(le vilain mot d’architecture « dent creuse »).
Donc élaborer les coutures en respectant les mouvements de terrain, la moindre trace, parole, se mouler dans l’espace fut
ma priorité. Vastes emmarchements en sifflets, dalles monochromes, ombrages.
Deux objectifs majeurs dans la création de cette place à Marseille : discrétion et hommage au sculpteur Pierre Puget.
-Il est méconnu que fût retrouvé sur ce site lors de fouilles un tesson de céramique représentant une panthère mouchetée;
ce tesson a permis entre d’autres éléments, de dater la fondation de Marseille: 600 ans avant JC.
Dans un premier temps, j’ai souhaité garder une mémoire de ce fragment de poterie à travers une copie sous une dalle de
verre. Intention qui me fût refusée par la mairie, tout comme la mise en service d’un mur d’eau entierement exécuté …
(Conflit habituel entre le pouvoir politique et l’artiste). Alors j’ai réalisé la copie de la silhouette de la fameuse
panthère en acier inoxydable, que j’ai soudé sous la main courante du garde corps à l’Ouest de la place.
Soustraire au regard encore, mais là contre mon gré.
-Le deuxième objectif était d’orienter l’axe de la place vers le sculpteur baroque que je préfère et qui fût honni
par sa ville natale: Pierre Puget
J’ai donc tracé une ligne virtuelle oblique, sur la place, en direction du centre de la coupole de la chapelle de la vieille charité;
centre qui n’existe pas car il s’agit d’une des rares coupoles construites avec un double foyer (oeuvre de Pierre Puget ).
Cette ligne virtuelle est scandée par une plantation de six magnolias.
PLACE DE LA COMÉDIE – MONTPELLIER (AMENAGEMENT URBAIN )
Maître d’ouvrage : Ville de Montpellier.
Lauréat avec les paysagistes Gilles Vexlard, Alain Marguerit, et mon associé J. M. Bourry.
La Place de la Comédie de Montpellier.
La Place ainsi crée est un tapis de 220 m x 50 m, soit près de 1,5 ha, qui entretient un dialogue avec l’enveloppe
architecturale du XIXème siècle.
Il s’agissait de travailler plusieurs plans qui se trouvaient à l’articulation de trois foyers
(centre historique ancien, esplanade jardin et quartier commercial réalisé par Ricardo Bofill) .
Il fallait trouver l’axe de la nouvelle perspective à donner ; ouvrir un dialogue entre les façades du centre historique
(dont le tracé général du projet reprend la direction) ; poursuivre ce dialogue avec la mise en scène de
l’Opéra, de l’Œuf (avec sa fontaine des trois Grâces) et du dénivelé de la place basse.
Dans l’axe de la place, qu’il nous a fallu « inventer », nous avons réalisé un plan parfaitement horizontal : une pente
à moins de 2%, un vrai plat à l’air libre sur 2 hectares.
Lorsque je marche sur un plan réellement horizontal un vrai plat à l’air libre, je saisi mieux là où
je me situe, ou se situe mon corps dans l’espace. L’horizontalité permet de se sentir debout, réellement.
Je travaille encore aujourd’hui à cette quête du plan.
( Un projet sur ce sujet, arrimé sur le mont du Grand Météore, dans l’Océan l’Atlantique, un carré de mer
calme dans la tempête.)
Le carré de base qui trame la place est constitué d’un cadre clair, enserrant un remplissage plus sombre.
Le cadre est un marbre blanc de Carrare, il est dessiné par des petits pavés sertis par deux bandes.
Le remplissage est en pierres marbrières grises de grande dimension (100 x 50 cm) à bords chassés
et montés à joints apparents. Cette disposition particulière est soulignée par des listels de marbre blanc,
dont l’intersection dégage un cabochon de granit bleu poli qui matérialise le centre de chaque carré.
45 carrés dessinent le tapis, posé au centre de la place.
La couture avec les bâtiments périphériques est également réalisée en pierre marbrière grise,
de dimension plus réduite et à bord scié.
Le contact direct avec les bâtiments est assuré par une ligne de grandes dalles, qui suit le dénivellement,
la découpe de la place.
La délimitation des voies est visualisée par des sphères de marbre noir qui jalonnent le parcours.
Des mâts de lumière rythment l’ordonnancement de la place en son centre.
Nous avons choisi de travailler avec un mur d’eau en cascade de 5 mètres de haut pour relier la place haute
à la place basse.Un mur réalisé en béton brut côté place et en pierre bleu Macaobas, trés précieux, côté ville.
Le mur d’eau est une fontaine monumentale :
-buffet d’eau à portée de main (hauteur 0,7 m) – de l’eau qui ruisselle, que l’on peut toucher.
-un plan d’eau recevant des statues d’hommes en bronze (4 tonnes, hauteur 4 m) devient le
pendant de la fontaine des trois Grâces.
-un mur d’eau fait de pierres bleues de Macaobas, sciées en sifflet, rattrape les niveaux place basse /
place haute.
CENTRE RÉGIONAL DE LA MÉDITERRANÉE – LA VILLA – (ARCHITECTURE )
collaboration Stefano Boeri, Ivan Dipol, Philipe Coeur, Jean-Pierre Manfredi.
Objet du concours (texte de 2006) :
« Construire un bâtiment pour la diffusion de la culture méditerranéenne en région PACA » .
L’objectif donné était de questionner l’identité Méditerranée ;
De manière extrêmement simple, le point central est la mer elle même : les échanges qu’elle permet.
L’élément unificateur du bâtiment est la mer : voyages, migrations, commerce.
La mer entre dans le projet.
La forme du bâtiment – entre Terre et Mer, construit sur une emprise portuaire – est la plus simple
possible, la plus emblématique : un plan pénétrant un bâtiment créant par là même en sa partie
supérieure un porte-à-faux.
La Méditerranée :
La Méditerranée demeurera ce qu’elle a toujours été : insaisissable.
Pourtant, tandis que l’Algérie s’autodétruit, qu’Israël et Palestine se déchirent, que les Balkans
soignent leur plaies, aimer la Méditerranée, c’est croire encore dans la possibilité d’un monde commun.
Défendre les identités méditerranéennes aujourd’hui, c’est, plus que jamais, résister
à l’uniformisation du monde.
« Ce n’est pas par-dessus cette mer que les échanges se sont faits, c’est à l’aide de cette mer.
Mettez à la place un continent, et rien de la Grèce ne serait passé en Arabie (…) rien de l’Orient
ne serait passé en Provence »
Jean Giono
Le Projet :
On pourrait dire en résumé que notre réflexion sur la notion de « Méditerranée » a tenté d’éviter
les écueils qui auraient pu donner une coloration folklorique ou anecdotique aux relations qu’entretient
la Région Provence Alpes Côte d’Azur avec l’ensemble du monde méditerranéen.
Il nous a semblé que le concept de base du projet devait échapper à toutes les notions qui auraient
un peu trop tendance à idéaliser le monde méditerranéen.
Quitte à adopter une démarche qui peut paraître tautologique, notre projet se déploie
à partir du seul élément qui nous paraît totalement « objectif » : la Méditerranée,
qui est le point le plus évident entrent tous les pays qui la bordent.
Cette idée, et l’implantation du projet sur d’anciennes emprises portuaires,
à proximité d’une darse (prochainement construite) nous a conduit à concevoir notre
projet non plus comme posé en bord de mer, mais comme associant celle-ci de
façon totale ; tant sur le plan symbolique que fonctionnel.
Cette option détermine le principe fondateur : imaginer le dessin de la Villa
et la mer voisine comme indissociable.
Fonctions du bâtiment :
Le CRM, la Villa Méditerannée, est un lieu à vocation international. Il vise :
-A penser la Méditerranée
-A potentialiser sa richesse et sa diversité culturelle
-A en faire un espace de liberté, de convivialité et de prospérité.
Il s’agit d’un outil de participation pour tous ceux qui sont concernés par un projet méditerranéen.
La Villa encourage les activités de recherche, de débat et de diffusion autour des principaux thèmes
de l’actualité et de l’histoire méditerranéennes. Plate-forme d’initiatives au service au service
de la coopération entre les pays de l’ensemble du bassin méditerranéen ;
un centre culturel qui favorise la connaissance mutuelle et le dialogue
au travers de l’Art, les Sciences et la Culture
Axes de réflexion :
-participer à l’analyse de la réalité du territoire méditerranéen
-intervenir dans la réflexion sur la mondialisation des cultures et des valeurs.
La scénographie urbaine : c’est l’implantation du bâtiment au regard des différents
espaces et autres bâtiments qui le jouxtent ; l’aménagement intérieur du bâtiment,
du design à la forme elle-même de certains sous espaces
(amphithéâtres, café, restaurant..) qui l’interpénètre.
Intégration du « grand public » dans le projet :
Trois réponses à ce sujet.
La première est purement urbanistique : est ce que la villa permettra aux marseillais de « se retourner »,
d’aller au-delà du goulot d’étranglement du Fort Saint jean ?
Si la rue de la République, les équipements qui vont s’installer sur le J4 (Mucem, Terrasses du port..)
sont attractifs, ils permettront de retourner les habitudes des marseillais. Les marseillais sont tournés
vers les quartiers sud et vers a corniche. Le pari est de « basculer », d’inverser la grande fracture
de la Canebière : quartiers nord versus quartiers sud.
La seconde est programmatique : il faut que ce qui sera donné à voir à l’intérieur du bâtiment
attirent le grand public et que celui-ci s’y sente bien, chez lui ; qu’il ne se sente pas exclu soit par le luxe
soit par la connaissance. Que cela soit à la fois didactique et usuel.
La dernière : une promenade sera créée en libre accès sur tout le pourtour du porte-à-faux du bâtiment.
Chacun pourra librement accéder au porte-à-faux, et de là aura un point de vue sur la ville et la mer qui
donnera l’impression d’être suspendu entre ciel et mer.
Aujourd’hui…..il reste une enveloppe vide à un beau projet porté ailleurs
PLACE DE LA JOLIETTE – MARSEILLE – EUROMÉDITERRANÉE – (AMENAGEMENT URBAIN ) (non réalisé)
collaboration Jean-Pierre Manfredi,architecte.
Le concours portait sur un aménagement provisoire de la place de la Joliette( le provisoire au niveau urbanistique
durant toujours au moins 10 ans… ) notre réponse à cette demande qui était
la première opération d’ Euroméditerranée avant même la fin de la réhabilitation des docks,
a été de concevoir cette place comme un vaste plateau technique, capable de recevoir
tant des manifestations culturelles et commerciales qu’un marché hebdomadaire .
Que ce lieu soit le premier équipement structurant d’ Euroméditerranée
qui croise la population populaire du quartier et celle des bureaux high tech d’Euromed.
Une fois encore, alors que le terrain naturel avait un dénivelé de 1m50 sur la longueur de la place,
il s’agissait de poser un plan horizontal sur ce site .
Poser ce plan nous amenait donc à un niveau zéro sur la jonction à la rue de la République ;
et à un niveau 1m50 côté boulevard des docks. D’où l’idée de créer un plateau technique
accessible par-dessous pour les différentes activités proposées sur cette place.
Ce plateau technique était conçu en bois, comme un véritable deck d’avant port de la gare
de croisière qui la jouxte. Au niveau scénographique, ce plateau était planté d’un champ d’oliviers
à travers lequel le promeneur se trouvait au niveau zéro au pied des arbres ,
et au niveau + 1m50 dans les ramures du port des arbres.